Pour un avenir sans violence...
S’il y a des dénominateurs communs aux femmes qui subissent des violences conjugales, ce sont entre autres la honte et la peur, auxquelles s’ajoute, si elles ne se soustraient pas aux violences, tout autant que si elles choisissent de dénoncer leurs mauvais traitements, le blâme.
Bien que seul le conjoint-auteur de violences soit responsable de celles-ci, il s’efforce de rejeter le blâme sur sa conjointe, d’inverser la culpabilité, en justifiant ses comportements. Il va échafauder des scénarios pour fausser la perception de la situation et pour ainsi discréditer le ressenti de sa conjointe. Il dira qu’il est stressé, qu’il avait consommé, qu’il a eu une enfance malheureuse et qu’elle doit donc redoubler de compréhension et de patience envers lui, qu’elle ne s’est pas soumise à ses attentes, qu’elle l’a cherché, etc. Le stratagème fait son œuvre et rend la femme responsable d’avoir déplu à son conjoint, de ne pas avoir su répondre à ses attentes, de l’avoir mis en colère, de l’avoir poussé à s’en prendre à elle. À la longue, la honte s’installe, car la femme en vient à s’estimer inadéquate, et pire encore, à croire qu’elle mérite son sort. Cette honte la maintient dans le mutisme. Comment pourrait-elle dénoncer des violences qu’elle est convaincue d’avoir elle-même déclenchées? Puisqu’elle doute d’elle, il lui est difficile de confier ce qu’elle vit. Elle craint de ne pas être crue, qu’on lui confirme que c’est elle le problème, qu’on l’accuse d’exagérer, qu’on lui dise qu’elle n’a qu’à partir. C’est faire fi de l’emprise étouffante qu’exerce sur elle le conjoint.