CHRONIQUE DE DÉCEMBRE-LE VISAGE DES VIOLENCES CONJUGALES MASCULINES

D’aucun.e.s imaginent, lorsqu’il est question de femmes violentées dans un contexte conjugal, l’image d’une femme portant des marques visibles, par exemple un œil au beurre noir, le nez en sang ou un bras en écharpe. Si c’est parfois le cas, il n’en est pas toujours ainsi, c’est pourquoi plusieurs situations de violences passent inaperçues aux yeux de l’entourage. Les femmes qui trouvent refuge en maison d’aide et d’hébergement sont de tous âges, de tous milieux, de toutes origines, de tous parcours.

 

Il s’agit parfois d’une jeune femme enceinte, qui rêvait d’une vie conjugale et familiale paisible, mais dont le conjoint qui, au début de la relation se montrait attentionné, s’est révélé être contrôlant et violent. Le rêve s’est ainsi transformé en cauchemar, et avec la venue prochaine d’un.e enfant, elle ne peut envisager de lui offrir un quotidien marqué par les violences et la peur. Il nous arrive d’accueillir des femmes sur point d’accoucher et le premier logis du bébé devient alors la maison d’aide et d’hébergement. 

Il s’agit tantôt d’une femme, accompagnée de ses enfants, qui a longtemps encaissé les violences, croyant que ses enfants n’y étaient pas exposé.e.s, tant que son conjoint ne s’en prenait pas directement à elles ou à eux, mais qui réalise que l’angoisse, la peur et la tristesse les envahissent. Il arrive aussi que ce soit l’enfant qui persuade sa mère que ce qu’elle vit n’a pas de sens, qui lui exprime ses craintes qu’il lui arrive quelque chose d’irréparable, qui la convainc qu’elle a droit au bonheur et qu’elle n’a pas à subir les violences. D’autres femmes endureront les violences en silence, jusqu’au jour où le conjoint s’en prendra aussi aux enfants.

Il s’agit tantôt de femmes immigrantes qui craignent pour leur statut si elles rompent d’avec leur conjoint ou qui ont la conviction que sans lui, elles risquent l’expulsion. Ces femmes se heurtent souvent à un isolement particulier en raison de la barrière linguistique et de leur méconnaissance des services d’aide disponibles. Certaines dépendent entièrement de leur conjoint au plan financier et croient à tort qu’elles ne peuvent échapper à leur triste sort.

Il s’agit encore de femmes aînées qui ont subi de longues années de calvaire et qui ont choisi d’attendre que les enfants atteignent l’âge de la majorité avant de quitter leur conjoint abusif. Elles ont choisi de préserver l’unité familiale jusqu’à ce que les enfants volent de leurs propres ailes. Lorsqu’elles rompent enfin d’avec leur conjoint violent, elles s’exposent aux jugements de l’entourage, souvent au jugement de leurs propres enfants, qui comprennent difficilement pourquoi leur mère rompt maintenant, après avoir enduré le conjoint toute sa vie.

Il s’agit aussi de femmes qui ont été accueillies à la maison d’aide et d’hébergement par le passé et qui, au terme de leur.s séjour.s précédent.s, ont donné une chance à leur conjoint qui promettait de changer, de ne plus recommencer… une promesse rarement tenue!

Il peut être facile d’oublier que derrière les statistiques alarmantes qui entourent les situations de violences conjugales masculines se trouvent des personnes marquées par ces violences. Notre travail en maison d’aide et d’hébergement nous permet de côtoyer quotidiennement des femmes et des enfants meurtri.e.s  qui souhaitent se soustraire des violences. Si chaque personne a sa propre histoire, elle partage des similitudes avec le parcours des autres qu’elle rencontre au refuge. La solidarité et la compréhension mutuelles y sont salutaires.

Il y a une maison d’aide et d’hébergement près de chez vous! Pour de l’aide ou pour de l’hébergement, 1 800 363-9010, 24 h /24, 7 jours/7.

Monic Caron, pour L’Alliance GÎM

Le visage des violences conjugales masculines